« Voici l’agneau de Dieu. » « Où demeures-tu ? »
Ces quelques versets de la péricope, éveillent notre contemplation :
L’évènement « se passait à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain où Jean baptisait.» (1, 29)
lieu où des foules se pressaient en grand désir de conversion.
Le mouvement de va et vient de Jésus, semble accompagner une méditation et laisse deviner une attente. Témoin de la soif des hommes qui se pressent auprès de Jean, il pressent que son « heure est venue » de se révéler comme l‘envoyé de Dieu. L’on devine, à son attitude, une expression de sa volonté teintée d’impatience, d’inaugurer ce temps nouveau désiré par beaucoup. Jean le Baptiste pose son regard sur lui et le reconnaît comme, « l’Elu de Dieu » qui lui est révélé sous les traits de « l’agneau du sacrifice, du serviteur souffrant » : Voici l’agneau de Dieu. (Ex12, 1 et Es 52 ; 53).
Les deux disciples, dans la maturité de leur quête spirituelle, comprennent que Jean s’efface et les oriente vers l’Unique et Véritable Maître qui les voit et dit « Que cherchez-vous ? » Question essentielle dans notre errance humaine ; Quel chemin voulez-vous entreprendre qui puisse assouvir votre soif de transcendance, d’amour, de don ? Vers quoi, vers qui, voulez-vous aller, vers quelle révélation ? Mais la réponse des disciples manifeste qu’ils ont d’abord besoin de se poser, de demeurer tout proches de la source véritable qui leur a été indiquée. « Rabbi, où demeures-tu ? ». « Venez et voyez » répond Jésus. Cette réponse les renvoie à leur propre liberté de poursuivre ou non. Ils apprendront de Jésus lui-même, qu’Il « n’a pas une pierre où reposer sa tête » Lc 9, 57-62. Il faut être un « fou de Dieu », comme Jésus et quelques disciples à sa suite, tout au long de l’histoire, pour faire le choix de la mission sans aucune sécurité temporelle.
Où demeurez-vous, demandons –nous aux personnes, migrantes, en grande insécurité ?
Au 115, chez un ami ou amie, chez un coreligionnaire, à la rue… où, pour quelques-uns, chez des personnes au grand cœur, croisées sur leur route et qui ouvrent leur maison…Trop de gens, dans notre société, n’ont pas « où reposer la tête » ; Où demeurer pour se reposer, vivre en sécurité, pour connaître l’intimité, pour retrouver sa dignité, envisager un avenir … ?
Mais il existe aussi une errance qui peut toucher les uns comme les autres : c’est celle du cœur. « Où demeure ton cœur ? » Pour qui ou pour quoi vit-il ? Que cherches-tu et quel trésor poursuis-tu ?
André et le disciple anonyme, après quelques heures passées auprès de Jésus, leur maître désormais, ont trouvé en lui leur trésor, la Vérité qu’ils poursuivaient. « C’était vers la dixième heure. » Puis Jésus pose son regard sur Simon comme Jean l’avait fait sur lui-même .Il sera « Pierre » désormais, dans le projet encore secret de Dieu.
Le message de ce texte si dense, est pour chacun de nous, disciple anonyme.
« Nous te cherchions Seigneur Jésus…
Nous avions soif de ton visage
Au seul désir pour notre foi
Qu’un long regard posé sur toi » (Chant de Noël).
Sr Viviane Martinez