Parmi les images des paraboles utilisées par Jésus, la vigne est une de ses préférées. Ce dimanche, une fois de plus et dès le premier texte, il est question de vignerons, de maitre du domaine… Il est vrai que, de Noé à Isaïe, la vigne tient une place de choix dans l’économie et dans la spiritualité de la Palestine ancienne. Son abondance est bénédiction divine et son vin a saveur d’éternité. Mais la qualité de son fruit se mesure à la fidélité que l’homme y aura engagée. Pour la troisième fois, Matthieu prend cette image pour réaffirmer qu’Israël, « la vigne du Seigneur de l’univers », n’a pas été à la hauteur de sa vocation. Cet héritage lui sera retiré, pour avoir tué le fils que le Maître de la vigne lui envoyait. Le soin si minutieux de Dieu pour sa vigne sera reporté sur une autre « nation » : celle qui aura reconnu son Fils. Un Fils comparé lui-même à la vigne dont le vin sera le sacrement surabondant de sa vie, versé pour la multitude en rémission des péchés.
Ce qui se joue, à travers cette image si féconde, vaut donc pour nous, et de multiples façons. Nous sommes aujourd’hui les ouvriers de la vigne du Seigneur, que nous soyons appelés à la première ou à la dernière heure. Nous sommes la vigne elle-même, ou plus exactement, ses sarments. Nous sommes appelés à nous laisser émonder pour donner le fruit le meilleur.
Et nous sommes les héritiers de la promesse du Père, communiant déjà au vin de fête du Royaume à venir.
La fin du récit évoque la pierre rejetée qui devient la pierre d’angle. Elle réaffirme, en annonçant la résurrection, que l’amour de Dieu a renversé tous nos refus.
Sr Claudine Perquin