Nous sommes des soeurs dominicaines apostoliques, présentes en France depuis 1696.
Filles de Marie Poussepin…
Marie Poussepin (1653-1744) est la fondatrice des Sœurs de charité Dominicaines de la Présentation.
Dourdannaise (Essonne), elle naît dans une famille d’artisans de bas de soie. A la suite du départ de son père, elle reprend la tête de l’entreprise alors qu’elle a 27 ans, se rend compte qu’il vaut mieux investir dans le bas de laine plutôt que le bas de soie, entreprend le travail sur métier à tisser au point que Dourdan deviendra le deuxième centre du royaume dans l’industrie du bas de laine. Tout en redressant l’entreprise familiale, elle profite de la situation pour offrir à de jeunes garçons la possibilité d’un apprentissage sans qu’ils en payent la taxe, prenant même avec elles quelques jeunes en grande difficulté qui ne travaillent que fort lentement.
Le journal Libération en ses pages « Métro », lors de la béatification de Marie Poussepin en 1994, se demandera même si elle n’était pas « une socialiste d’avant garde » !
Toujours est-il que pendant ses années de chef d’entreprise, elle côtoie les confréries de saint Vincent de Paul, puis un frère dominicain, le Père Mespolié. En 1690, elle laisse l’entreprise à son jeune frère Claude (qui de nouveau fait payer cette fameuse taxe d’apprentissage à ses ouvriers), et en 1692, elle est reçue dans la Fraternité du Tiers Ordre de saint Dominique. C’est dans ce contexte que mûrit son intuition de créer des sœurs de charité, à la façon de Vincent de Paul, dominicaines, en une sorte de Tiers Ordre régulier, bref, des sœurs sans clôture.
En 1696, à 43 ans elle quitte alors Dourdan pour Sainville, en Beauce, un village à 18 km de sa ville natale. La première communauté est composée de quelques jeunes femmes pauvres. La situation de Sainville est celle du « siècle d’or » : la misère règne. Il n’y a pas d’école pour les filles. Marie écrira plus tard « L’ignorance y était grande, pour ne rien dire de plus. »
Elle choisit d’investir ce qui est délaissé par les autres : l’instruction des jeunes filles pauvres, le soin des malades isolés, et sans se lasser elle insiste sur le fait qu’une des missions des sœurs est de conforter la foi, notamment des personnes « plus avancées en âge ».
Pendant les presque 50 années suivantes, Marie Poussepin organisera la vie commune, ce qui fait qu’à sa mort, le 24 janvier 1744, elle laissera une vingtaine de communauté dans six diocèses. Ses sœurs, désormais présentes dans plus de trente pays, retiennent d’elle surtout qu’elle a compris que la prédication est indissociablement parole et charité, parole de charité et charité parlante. On retiendra de la Madre ces mots qu’elle écrivait concernant les novices :
« On ne fera distinction ni de pays, ni de naissance ; mais on préfèrera celles qui auraient une meilleure volonté de se consacrer tout entières au service de Dieu, et parmi celles-là mêmes, celles qui sont dans un plus grand danger de leur salut doivent avoir la préférence. »
Nous fêtons cette année le vingtième anniversaire de sa béatification (1994).
… et avec elle dominicaines.
480 ans avant Marie Poussepin, Dominique fondait l’Ordre des prêcheurs.
Impossible de résumer la vie de saint Dominique (1170-1221) en quelques lignes.
Les frères de la province de Toulouse en font le portrait là. Ceux de la Province de France ont choisi de mettre l’accent sur tel ou tel trait du fondateur de l’Ordre des prêcheurs, là.
Retenons de lui qu’en 1207 (il a 37 ans), alors qu’il parcourt le pays cathare avec Don Diego son évêque et ami, il commence par fonder un monastère de femmes, une « sainte prédication », afin que les femmes cathares revenues à la foi chrétienne, prient pour que l’évangile soit annoncé au monde, avec douceur et respect.
Encore aujourd’hui, la vie des moniales dominicaines est une sainte prédication.
Ce n’est que huit ans plus tard, en 1215, qu’il fonde les frères dominicains, depuis l’origine liés à leurs sœurs et aux laïcs, dans l’Ordre des prêcheurs. Ce faisant, Dominique institue une fraternité et donne à son Ordre des constitutions qui sont un modèle d’exercice du pouvoir partagé (le prieur est premier serviteur de ses frères, il est élu, et sa charge est limitée dans le temps), orienté par le souci du bien commun et la recherche de l’unanimité, par le débat.
Il n’a qu’un souci, que la bonne nouvelle de l’évangile (car c’en est une !) soit annoncée, et qu’une méthode : la recherche de la vérité, et la pratique de la miséricorde. Son biographe, Jourdain de Saxe en témoigne, racontant que la nuit Dominique supplie Dieu en pleurant de prendre soin des pécheurs, et le jour, qu’il « rie avec ceux qui rie et pleure avec ceux qui pleurent ». Il raconte aussi que la nuit, il ne craint pas de passer auprès de ses frères recouvrir ceux qui risquent d’avoir froid et réconforter ceux qui sont sans courage.
En 1217, il pose un acte prophétique en dispersant ses frères deux par deux, pour les envoyer dans les villes universitaires qui viennent de naître, afin d’étudier et de prêcher. Il veut des frères mendiants, itinérants, et bien formés pour savoir annoncer l’évangile avec le langage du moment.
Il veut des frères et des sœurs qui aiment les hommes et le monde, car sans doute, la première façon de donner à rencontrer le Christ est de devenir ami de ceux à qui l’on prêche. La prédication dominicaine est une conversation plus qu’un enseignement.
Parmi les heureux hommes qui sont entrés dans l’Ordre des prêcheurs, retenons ce mot de Réginald d’Orléans :
« Je crois n’avoir aucun mérite à vivre dans cet Ordre, car j’y ai trouvé trop de joie ».