Le dernier jour de l’année 2022, le Pape Benoît XVI, s’est effacé définitivement après l’avoir fait une première fois, presque dix ans plus tôt, le 28 février 2013. Chacun retiendra ce qui lui paraîtra important de la vie et de l’œuvre considérable de ce théologien, enseignant devenu gardien de la doctrine catholique, puis « pape malgré lui » ainsi que l’a titré la presse.
Il recevait alors la lourde tâche de succéder à un géant, Saint Jean-Paul II, dont il avait été un vis-à-vis intellectuel et spirituel précieux.
Pour ma part, je retiendrai sa toute première lettre encyclique Deus caritas est (Dieu est amour). Il s’agissait d’un texte court et lumineux qui plongeait au cœur de la foi et au cœur de Dieu. J’y ai lu ce qui est aussi au cœur de notre présence d’Église en Algérie. Une Église de service, étymologiquement de diaconie, pleinement inscrite dans la vie et la société de ce pays :
« La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), célébration des Sacrements (liturgie), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer. » (Deus Caritas est, n. 25).
Un pape exprimait le sens profond du témoignage rendu par notre Église, depuis soixante ans au travers de son service CARITAS, et depuis bien plus longtemps encore par les multiples autres façons d’être au service de nos frères et sœurs en humanité, spécialement les plus fragiles, dans la foi en un même Dieu unique qui aime chacun de ses enfants d’un amour particulier, sans distinction d’origine ou de religion.
Je retiendrai aussi l’humilité tellement touchante de ce polyglotte dont l’immense érudition n’avait d’égal que son extrême simplicité. C’est sans doute dans cette humilité que Benoît a puisé la liberté de se retirer lorsqu’il a senti les forces lui manquer. La liberté d’un enfant de Dieu dont les derniers mots recueillent l’impressionnante vie : « Jésus je t’aime ! »
+ Fr. Jean-Paul Vesco op, Archevêque d’Alger Église Catholique d’Algérie – 14/01/2023