En ce deuxième dimanche de carême, le texte de l’Évangile nous invite à contempler le Christ transfiguré. Comme chaque année l’Église propose à notre méditation la vision de la gloire du Christ par les apôtres Pierre, Jacques et Jean, avant même sa passion, sa mort et sa résurrection . Elle en a même fait une fête le 06 août. Fête de la TRANSFIGURATION.

Pourquoi accorder une telle importance à cet épisode de la vie du Christ ? On peut aussi se demander, pourquoi seulement ces trois disciples ont pu en bénéficier et pas les douze ensemble. C’est le mystère de la liberté des choix de Dieu. Pierre a été choisi après sa belle profession à Césarée : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle ». Mt 16,18. Pierre est alors revêtu d’un appel particulier pour la suite de la mission du Christ. Nous pouvons nous demander maintenant, la place de Jacques et Jean. Ils sont aussi témoins de la scène de la prière de Jésus le soir de son arrestation en Mathieu 26, 36-38. « Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. ».

A première vue, nous pouvons dire que les trois sont des privilégiés. Cependant, si nous regardons de plus près l’évènement qu’ils vont vivre, nous verrons que nous sommes nous aussi invités à la contemplation du Christ en gloire. Avec les trois disciples, le Christ s’isole à l’écart sur une haute montagne, (nous dit le texte), comme autrefois Moïse sur le mont SINAÏ, reçu les Tables de la Loi pour la vie du peuple libéré de l’esclavage d’Égypte. Cette loi avait pour objectif de poser les bases de la vie religieuse et sociale du peuple. C’est à travers cette Loi que le peuple apprendra à connaître et à aimer son Dieu.

C’est encore sur une haute montagne qu’Elie avait eu la révélation du Dieu de toute douceur et de toute tendresse dans son expérience de la brise légère. Dieu ne se trouve pas dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu mais dans le murmure d’une brise légère. (Cf 1R 19, 1-12). Les deux, Moïse et Elie sont les piliers de la Première Alliance (Ancien Testament).

C’est donc sur cette haute montagne que le Christ va rencontrer les deux personnages importants de son peuple car il vient, pour accomplir sa mission qui n’abolit pas celle de Moïse et d’Elie, mais leur donne son accomplissement. La voix du Père confirme que Son Christ prend le relais des deux pour la réalisation parfaite de son œuvre de salut pour le monde. « Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Mt 17, 5.

Dès cette phrase, nous aussi, à notre tour nous sommes invités à entrer dans cette intimité du Fils de Dieu. Comme autrefois le peuple était invité à écouter Moïse et les prophètes, aujourd’hui c’est nous tous qui sommes invités à écouter le Fils de Dieu fait chair. La lettre aux Hébreux le dit si bien : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes ». He 1, 1-2. C’est l’expression de la Nouvelle Alliance qui sera scellée dans le sang du Christ. Les trois apôtres en en sont les témoins et nous après eux pour le dire au monde. Pour cela, nul besoin de construire à nouveau des tentes comme le peuple autrefois dans le désert. Les disciples ont besoin que le Christ les relève, qu’Il les ressuscite en premier, les revête de force et dissipe toute frayeur, toute crainte. Mais auparavant, il faut attendre la réalisation de tout cela par la passion, la mort et la résurrection.

Demandons au Christ pour notre marche vers Pâques, de nous relever de toute crainte et de toute mort. De fait, il s’est incarné pour nous inviter à contempler avec lui la transfiguration de notre monde ; dans ce qui nous fait peur et nous inquiète Il est là, et nous répète à nouveau : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

Sr Henriette Kaboré

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