« Prions pour la Paix de notre terre, car la Paix de la terre agonise »

« Prions pour la Paix de notre terre, car la Paix de la terre agonise. Viens à son aide, douce Vierge Marie, aide-nous à dire : Paix à la Paix de notre pauvre monde. Pour l’angoisse des humains, nous Te demandons la Paix ! Pour les petits enfants qui dorment dans leur berceau, nous Te demandons la Paix ! Pour les vieillards qui aimeraient tant mourir dans leur lit, nous Te demandons la Paix ! Toi qui assistas les mourants quand de leur sang ils arrosèrent les champs de bataille, aie pitié de la Paix ! Toi qui descendis vers nous dans les abris quand sifflaient les bombes, aie pitié de la Paix ! Toi qui accueillis les pauvres femmes qui furent déshonorées, aie pitié, oh ! Aie pitié de la Paix ! Pour les chrétiens qui déjà désespèrent de la chrétienté, sauve notre Paix. Pour les païens qui déjà se moquent de la chrétienté, sauve notre Paix ! Pour tout le genre humain où sombre la ressemblance de Dieu sauve donc, ô Mère, sauve donc la Paix ! Sauve-la pour ton Fils, qu’il n’ait pas été crucifié pour nous en vain ! Mère, Mère, de toutes les créatures la plus riche en douleurs, prends en Tes bras le monde en perdition ! Il règne une épouvante autour de nous, comme jamais il n’y en eut ! On croirait que mille ténèbres méditent sang et meurtre ! Mère, Mère, oui, notre Paix est déjà morte, La Paix n’est plus que dans les cieux… Tu es l’Épouse du Dieu vivant, Tu es la Mère du Dieu ressuscité, Tu es la Reine au Royaume du Dieu éternel. Amen. Amen. Oui, il en sera ainsi. Ce sera Pâques pour la paix morte. Paix sera pour la Paix de ce pauvre monde. Amen. »

 

Gertrud von Le Fort (1876-1971) est une femme de lettres allemande.

Poète, romancière et nouvelliste d’outre Rhin, elle a inspiré les plus grands écrivains du XXème siècle.
Fille d’officier prussien, d’une famille luthérienne d’origine huguenote, elle étudie la théologie, l’histoire et la philosophie à l’université de Heidelberg puis de Berlin. Elle se convertit au Catholicisme en 1925.
Son art littéraire servi par un sens théologique des plus aigus la rapproche de Marie Noël dont elle partage la foi chrétienne et l’amour de la nature.
Son œuvre la plus féconde est sans doute la nouvelle « La Dernière à l’échafaud » (Die Letzte am Schafott), publiée en 1931.
Georges Bernanos (1888-1948) s’est inspiré de cette nouvelle pour écrire en 1948 le scénario d’un film qui ne sera pas réalisé en raison de la mort de l’auteur. Il est néanmoins adapté au théâtre par Jacques Hébertot en 1952 puis transformé en livret d’opéra par Francis Poulenc en 1957 sous le titre « Dialogues des carmélites ».