Tous les textes de ce dimanche, psaume y compris, soulignent la même idée : dans la vie, il y a des choses essentielles et d’autres qui ne le sont pas.
Sur quels fondements construisons-nous nos greniers ? Sur le Christ et sa Parole, sur ce qui a valeur d’éternité à savoir la charité, ou sur « du vent », pour reprendre le propos de l’Ecclésiaste : À quoi bon être riche ? Le but et le rêve de toute une vie ? oui … riche, mais pas …. riche d’argent, et pour illustrer ce propos Jésus utilise une fois de plus une parabole.
Voici un homme qui désire que son frère, sans doute l’aîné, partage avec lui leur héritage. Apparemment, ce dernier s’y refuse. Pourquoi porter l’affaire devant Jésus ? Sans doute, parce qu’il apparaît plein d’autorité, modèle de justice et puissant devant Dieu et devant les hommes. Hors voici que Jésus refuse de faire l’arbitre au sujet de cette part d’héritage. Il n’est pas, lui-même, homme à s’enrichir. Il a autre chose et mieux à faire. Il lui faut exhorter les foules qui l’écoutent à éviter toute avidité. La gestion de la terre et de nos conflits nous est confiée.
La question de l’héritage à partager se retrouve dans une autre parabole de St Luc, 15, 11-32. Or à la fin les rôles sont inversés : l’aîné refusera de fêter le retour à la vie de son frère et s’exclura de la joie familiale retrouvée.
Et voilà un homme, semble-t-il, qui n’a plus rien à désirer. Il vient de faire des récoltes exceptionnelles. Seul problème : manque de place. Où stocker une telle abondance ?
Il trouvera facilement une réponse. A partir de là, « repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence … »
Combien d’entre-nous pensent, parfois : « j’ai tout ce qu’il me faut ; j’ai fait tout ce qu’il fallait. » Il s’agit bien souvent de biens vulnérables qu’il faut défendre contre les voleurs, mais aussi de la vaine gloire lorsqu’il s’agit de biens spirituels acquis pour notre propre intérêt. Car tout ce qui nous oblige à nous incurver sur nous-mêmes nous étouffé, nous rétrécit et nous éloigne de cette dilatation du cœur à laquelle nous sommes promis. Seule la présence de l’Esprit met notre cœur au large car il est amour partagé. Il nous incite à laisser circuler les biens entre nous : il est ce « capital d’amour » dont parle Saint Augustin.
Et Jésus de répondre à cet homme et de nous répondre aussi à nous-mêmes : « même si tous tes désirs étaient comblés, tu ne serais pas plus avancé pour autant ».
Tout ce que nous possédons ne peut, en effet, nous empêcher de mourir.
Jésus veut nous faire comprendre qu’il nous faut nous ouvrir à ce qui nous vient de l’ailleurs de Dieu, gratuitement.
Cette ouverture est libération.
Là où est notre trésor, là aussi est notre cœur.
Notre trésor est à l’horizon.
La vie est devant nous.
Sr Claudine Perquin