Depuis le 1er septembre 2023, je suis responsable de l’aumônerie de l’hôpital pédiatrique Armand Trousseau situé dans le 12ème arrondissement de Paris. En quoi consiste cette mission de l’aumônerie ? Le service de l’aumônerie catholique s’inscrit dans le projet de l’établissement qui respecte la personne dans sa globalité humaine et spirituelle.

Dans le respect de la laïcité, les membres du service de l’aumônerie catholique en partenariat avec les représentants des autres cultes et tous les acteurs hospitaliers, s’efforcent d’apporter aux malades une présence bienveillante. La mission de l’aumônerie consiste à écouter, accompagner régulièrement les personnes hospitalisées et leurs proches, qui en font la demande. L’aumônerie répond à leurs demandes à travers la présence, la prière et les sacrements, etc. Dans les moments de fragilité, la personne hospitalisée cherche parfois à donner un sens nouveau à sa vie ; souvent, elle-même et sa famille ont simplement besoin d’être écoutées et soutenues. L’aumônerie catholique s’inscrit dans la dynamique du parcours de soins, en proposant aux personnes hospitalisées des relais dans l’accompagnement à leur sortie de l’hôpital.
Les membres de l’équipe d’aumônerie visitent les enfants et leurs familles qui le souhaitent pour établir un climat de confiance dans l’écoute attentive et bienveillante et répondre à des demandes religieuses spécifiques. Certains parents ont explicitement fait une demande à l’aumônerie, parfois c’est le personnel soignant qui nous signale un besoin spirituel identifié ou un besoin d’écoute bienveillante.
Les actes cultuels qui ont lieu dans les chambres des personnes hospitalisées sont : le baptême en urgence, la confirmation, le sacrement des malades, la prière, la communion, la confession. Les actes cultuels qui se pratiquent à la chambre mortuaire sont la célébration de départ de corps, les bénédictions des corps.
La fonction traversable de l’aumônerie implique une présence dans de nombreux services. C’est une invitation à des rencontres variées et à de précieux échanges pour comprendre la complexité des problématiques d’un hôpital pédiatrique et ainsi avoir une réponse ajustée aux demandes que nous recevons.
En tant responsable de l’aumônerie, je suis régulièrement en contact avec les parents des enfants décédés et qui demandent de venir prier à la chambre mortuaire. Cette expérience devant la mort d’un bébé me révèle au quotidien ma vulnérabilité. Quelle parole tenir devant la souffrance des parents qui viennent de perdre leur fils, souvent même leur premier fils. Dans certaines situations, la simple présence sans beaucoup de paroles constitue pour moi la meilleure façon d’accompagner les familles. Car, il faut reconnaître que nous n’avons pas toujours les mots pour apaiser les cœurs meurtris. La fragilité des enfants malades, parfois même de leurs parents, m’interpelle et souligne mon devoir de ne pas les abandonner. Cela me pousse, dans la mesure du possible, à répondre aux différentes demandes des parents. Il m’est arrivé de répondre à des demandes le week-end et même un peu tard le soir. Cette présence auprès des malades manifeste ma profonde volonté de les accompagner dans les moments difficiles qu’ils traversent. Il est vrai que je fais régulièrement l’expérience de la vulnérabilité parce que je suis impuissante devant un enfant en fin de vie, mais la vulnérabilité, même en fin de vie est l’expérience radicale de l’altérité, de l’altérité de l’autre dont je ne peux pas empêcher la mort, que je ne peux pas retenir. C’est la vision de mon impuissance et de celle de l’autre, qui ne peut plus rien faire, qui s’en va. C’est l’expérience de la solitude, de la séparation prochaine.
Sr Pascaline Bilgo