Alors que notre congrégation est en plein chapitre, cet évangile vient comme un écho de la voix du Seigneur…

Il y a plusieurs années, certaines de nos sœurs ont dit oui en quittant la France en vue d’aller dans plusieurs pays annoncer la Bonne Nouvelle du Christ. Aujourd’hui, si nous en comptons plusieurs parmi nous, la plupart nous ont devancé dans la maison du Père. Bonne fête nationale et merci aux sœurs françaises d’avoir osé l’aventure pour la cause de l’évangile. Bonne fête à nous toutes qui vivons dans ce pays qui nous a ouvert ses portes.

La mission…nous y sommes encore ! Il les envoya deux par deux. Ce chiffre pourrait susciter une petite curiosité de notre part dans la pédagogie de Jésus enseignant et envoyant ses disciples. Pourquoi deux ? Avec le respect de l’immense richesse des saintes écritures, je me permets au moins une interprétation de ce choix de Jésus. Interprétation qui est peut être influencée par mon choix de vie en communauté. Deux par deux, cela sonne plusieurs, beaucoup, ensemble. Ce qui semble signifier la formation d’un groupe, d’une équipe ou tout autrement et simplement une communauté.

Il y a une certaine sécurité implicitement assurée dans cette décision de l’envoi par équipe car Jésus enchaine tout de suite en prescrivant de ne rien prendre sur la route mais seulement un bâton. « Pas de pain, pas de tunique de rechange » … Toutes les prescriptions de Jésus sont humainement inquiétantes. Les lirons ou suivrons-nous à la lettre ? Evidemment non. Mais quel peut être le message qui s’y trouve ? Je pense que le message peut provenir de l’expérience d’un voyage, d’une tournée, d’une aventure. Tout départ nous plonge dans des ambiguïtés, des incertitudes et provoque parfois même des réticences. Une explication qui peut soutenir l’envoi de deux par deux. Avec le groupe, nous nous sentirons peut être plus forts, plus motivés. Avec la communauté, nous échangerons en route sur l’exercice de cette mission. Nous essaierons de mettre en commun les richesses de la Parole, des enjeux de la mission…

Aussi, je suis certaine que cette sécurité à la fois n’est pas non plus une tranquillité, un confort. Jésus prévient ses disciples de toute possibilité du rejet de leur message. Il ne leur présente pas une mission facile. Il ne leur cache pas la réalité. J’ai envie de dire que Jésus lui-même en savait déjà quelque chose par expérience. Dans sa propre expérience, Jésus ne contraint personne à l’écouter ou à le suivre. Il invite, propose, soumet sa parole à la volonté et la liberté des personnes. Cette attitude de Jésus dans sa vie avec ses contemporains m’a toujours séduite. Jésus ne force rien et personne. Une liberté donnée fait germer une graine de responsabilité. C’est pour cela que même ceux qui n’aura pas écouté restent responsables de leur refus sans condamnation de la part de Jésus. Et ceux qui s’engageront à le recevoir sont également responsables de leur adhésion libre et volontaire. Des deux côtés, il s’agit bien d’une réponse qui peut muter selon le temps, les virages de la route de la vie, les grands moments de joie et d’intimité avec lui, et aussi selon les épreuves traversées. Une raison pour laquelle à mon avis aucune des réponses n’est ni louable ni blâmable, la personne humaine étant humaine c’est-à-dire toujours en quête du sens de la vie et/ou de Dieu. C’est Dieu qui est louable pour toutes les réponses d’accueil et de rejet du message évangélique. Nous pouvons nous réjouir de ses merveilles faites à l’occasion de chaque réponse et lui dire merci.  En effet, c’est Lui qui est fidèle en tout temps et quelles que soient les circonstances. Sans Lui, nous en individualité ou la communauté ou encore l’équipe demeurons stériles.

Heureusement, comme depuis, il est toujours disponible pour guérir nos maux et nous remettre sur la route de cette mission. Merci Jésus ! Tu es adorable !

Et s’il nous met deux par deux ou plus, l’autre est peut-être là pour nous aider également à relire avec Dieu cette mission vécue.  Bon chapitre mes sœurs.

Sr Virginie Dolebzanga

Sr Virginie Dolebzanga