Reçus chaleureusement par les sœurs dès notre arrivée à l’accueil St Joseph, sous le soleil, nous nous sommes retrouvés à 15h00 autour du frère Bruno pour des présentations et son premier enseignement. Les retraitants, quelques couples, des sœurs et essentiellement des femmes, sont venus des 4 coins de la France : Quiberon, Saint Pierre, mais aussi Paris, Tours et sa région, le Mans… les plus éloignées venant de Marseille, Strasbourg et Lille.
Lors des 12 entretiens, du 10 au 16 Février (qui était aussi le jour de clôture de l’année St Joseph décrétée par le Pape François), à raison de 2 par jour, le frère Bruno nous a réunis, en commençant par nous rappeler le principe de la retraite, qui est de reprendre des mots pour nous rassurer dans notre foi.
Il nous a donné l’image d’une ancre, qui tient le bateau où nous sommes, qui nous tient au nom du serment que Dieu a fait lui-même pour nous. Espérer aujourd’hui désigne l’horizon vers lequel nous portons notre regard. C’est aujourd’hui espérer ! Et non pas de savoir s’il est possible d’espérer aujourd’hui… et ne pas se demander aujourd’hui quelle pourrait être encore notre espérance …
Plusieurs questions autour de cette affirmation. Espérer dans la foi à la suite du Christ permet de regarder les épreuves de la vie (qui demeure) et de les traverser.
Répondre ensemble à cette question : Quelle est l’espérance qui me fait vivre aujourd’hui ? Ce n’est pas une formulation théorique mais c’est au cœur d’une expérience concrète de vie de foi que s’indiquent les chemins d’espérance. Pour cela il nous faudra :
- Plonger dans l’Écriture pour y trouver notre propre chemin et ainsi découvrir l’engagement de Dieu dans notre vie par un double serment de bénédiction et de futur avec moi.
- Plonger dans l’Écriture en cherchant ce que je ne connais pas encore et ainsi trouver la petite lumière qui fait que je n’ai jamais lu ce passage comme aujourd’hui.
- Plonger dans la mémoire de ce qui tisse notre espérance qui a souvent des visages : cette espérance nous est toujours et encore donnée ; repérer ces visages, la mémoire des moments vécus qui ont fait que tout à coup il y avait quelque chose de plus grand que nous qui se révélait. Fr. Bruno nous a évoqué et partagé 4 visages d’amis qu’il a pu rencontrer dans sa vie.
De là se sont dégagés des jalons :
- En quoi espérer est une expérience d’humanité ?
- En quoi espérer nous fait plonger dans l’histoire de l’engagement de Dieu avec son peuple ?
- En quoi espérer nous aide à comprendre notre foi?
- pour découvrir finalement qu’espérer est une pratique de la foi qui ne concerne pas seulement nos vies personnelles mais concerne notre devenir commun.
Proposition est faite de comprendre notre espérance comme la confiance que nous faisons à Dieu d’accomplir en nous, et en nous tous, cette fraternité inachevée que nous sommes. Parler d’espérance, c’est parler de nous, et alors on se demande si nous pouvons encore être des signes aujourd’hui, et si cela a du sens pour la vie du monde. L’espérance est une réalité de la vie humaine qui nous conduit à accepter d’être humain pleinement et accueillir l’Espérance. L’humain n’est pas réductible à ce qu’il fait. Notre unité intérieure peut être abîmée et il peut y avoir des contradictions : quelles sont-elles ? On en distingue 3 grandes qui seront abordées dans les entretiens suivants : la déception (la faute), le découragement (l’épreuve de l’échec) et que l’attachement à cette Espérance ne soient que des mots (sentiment de solitude subie qui m’isole)
Ces 3 obstacles sont des obstacles à l’espérance, à une parole qui ouvre un chemin de devenir. Dieu parle à un petit peuple : Nous sommes un peuple d’espérance non pour lui-seul mais un peuple témoin d’une espérance à la mesure où nous espérons pour tous. Donc pour être sage il faut espérer avec tous.
L’espérance en la résurrection : elle doit apprendre à être sage, prudente discrète patiente. La sagesse est acquise en ayant une conversation amicale avec ceux qui ne partagent pas cette espérance : pour dire que c’est solidaire avec eux que nous espérons le salut du monde entier.
Le Dieu de l’espérance donne joie et paix : 3 horizons à regarder ont ensuite pu être développés : Dieu, l’histoire et la Vie.
L’Espérance dans le fait que Jésus Messie vient proclamer le règne de Dieu. Le Royaume est déjà là pourtant il faut l’espérer. Notre Espérance c’est que cette nouvelle vie inouïe est en train de s’accomplir. Je crois que ma vie peut porter avec elle la vie de tous. « la création gémit encore dans les douleurs de l’enfantement » « voir ce qu’on espère n’est plus espérer » l’Espérance qui parle du mystère de la Vie de Dieu en nous !
La liberté de l’Espérance : l’évangile parle de liberté car elle parle de vérité. Liberté de la nouvelle création, pas centrée sur moi, mais sur la promesse de mon advenir…qui va se réaliser dans l’advenir de tous : c’est cela qui s’appelle le Royaume.
Comment dessiner le visage de Dieu? L’espérance c’est adhérer à Dieu par l’intérieur par la capacité d’aimer, tendu vers celui qui est la Vérité que je cherche à connaître. L’espérance nous rend libres de vivre joyeux dans la conviction de la filiation de chacun de nous. Joie d’être en communion avec tous et dans cette communion de tous avec Dieu.
Une dernière question a été abordée lors du dernier entretien : dans cette espérance de la liberté de l’espérance, pouvons-nous pratiquer l’espérance aujourd’hui ? Est-ce juste un élan spirituel ou un élan vital réellement, existentiel ?
À partir du Prophète Sophonie nous avons pu voir un Dieu qui danse avec et au milieu de son peuple. Israël est né dans l’Espérance et est un peuple pour l’Espérance. Nous vivons dans l’Espérance que s’accomplisse le mystère de Pâques ! ce mystère de Pâques qui s’accomplit ça donne Sophonie : si on faisait une création, une œuvre d’art ça serait Sophonie.
2 manières de se situer par rapport à l’avenir :
- manière de vivre dans le présent et à partir de cela je regarde l’avenir (j’essaye d’ordonner ma vie présente et de considérer qu’à partir de cela je regarde l’avenir).
- nous connaissons l’avenir et à partir de cet avenir, nous comprenons et voyons la vraie lumière du présent. Donc l’important est de vivre au présent en sachant où ça va. L’important est la transmission de l’amour. La pauvreté c’est de vivre au présent en utilisant ce dont on a besoin. Ce qui fait la beauté du présent c’est de le vivre depuis l’avenir. La manière de vivre au présent l’avenir. La figure que prend cette représentation : découvrir la multitude de cette humanité à la même table. Donc invités à être des hommes et femmes animés par l’esprit de Dieu vivant, en veillant à la fraternité inachevée qui avance vers son accomplissement qu’elle trouvera en Dieu.
Quels besoins pour être ces veilleurs de fraternité et comment pratiquer l’espérance ? Vivre pleinement et publiquement sans encombrer les gens de notre conviction. Besoin d’être consolidés pour cela, d’où l’existence de communautés chrétiennes : pour consolider notre foi et courage d’être chrétiens (et pas pour se reconnaître les uns les autres..) : notre courage de vivre au présent notre espérance ! ma communauté est là pour apprendre à chacun « qui est le monde ». L’essentiel c’est qu’autour de la table eucharistique nous constituons ensemble un corps dans lequel nous promettons qu’à la sortie chacun sera moins seul à porter et à vivre dans le monde dans lequel il vit.
Les religieux sont les témoins que ce n’est pas facile de vivre en communauté mais on essaie encore … ceci est la vie selon l’espérance. Cela prend une figure concrète : il faut s’encourager à être chrétiens. S’adresser au monde avec la même confiance et bienveillance que celle avec laquelle Dieu s’adresse à nous (sans orgueil). Le monde a besoin de reprendre confiance. Retrouver le chemin de La Parole de confiance une vraie consolation.
Considérer que la communion est le lieu normal de la communauté car il y a des gens qui ont besoin de nous, de notre humanité, de notre compétence !
En marge des 12 entretiens, nous avons pu participer à l’eucharistie quotidienne célébrée par Fr Bruno dans la chapelle, mais aussi prier les laudes et les vêpres ensemble. Matin, midi et soir, de bons repas réunissaient autour de la table ceux qui logeaient à l’accueil St Joseph, ce qui a permis de nombreuses rencontres et échanges sympathiques, dans la joie.. à l’image de la danse de Sophonie !