Après la guérison de la belle-mère de Simon dimanche dernier, voilà aujourd’hui encore un autre signe de Jésus : la guérison d’un lépreux.
On connait bien la situation de celui qui avait la lèpre. Il était mis à l’écart, coupé de toute communication, bref il devient un intouchable.
Un lépreux vient donc trouver Jésus et le supplie : « si tu le veux, tu peux me purifier ». A l’instant même, sa lèpre le quitte et il fut purifié nous dit l’Evangile de Marc.
Le lépreux ose enfreindre la loi de se tenir à l’écart. Il vient trouver Jésus. Jésus ne le rabroue pas, ne s’écarte pas. Il est pris de pitié devant ce frère en humanité. Il enfreint lui aussi les prescriptions : il pose un geste dangereux à cause des risques de contagion, geste interdit par la loi. Il prend le risque d’être lui-même comme un impur.
C’est par un geste humain de contact et de relation fraternelle que Jésus guérit : il touche l’intouchable et avec la force de la parole : « je le veux, sois purifié ».
On comprend ici l’expression : « si je n’ai pas la lèpre, je ne suis pas pestiféré ! ». Et pourtant on sait bien qu’il y a toutes sortes de lèpres modernes. Allons-nous prendre le risque de la rencontre ? Combien de fois sommes-nous restés fermés à toute compassion ?
Aujourd’hui la lèpre représente tout ce qui altère nos relations, non seulement avec Dieu mais aussi avec nos frères et sœurs. La lèpre c’est tout ce qui exclut, c’est tout ce qui fait souffrir. Combien d’exclus dans notre société ? dans notre Église même ?
Comment parlons-nous parfois des migrants, des étrangers, des jeunes de banlieue, des marginaux, de ceux qui sont différents de nous et dont la liste est longue … ?
Parfois c’est dans les familles, nos familles religieuses, les écoles, nos milieux de vie, milieux professionnels, qu’on retrouve des personnes dont on se moque, qu’on marginalise.
Mieux encore, si la lèpre était vue jadis comme un châtiment de Dieu suite à un soi-disant péché, aujourd’hui on n’hésite pas à dire : « ils ne font rien pour s’en sortir, ou ils l’ont cherché »…
Jésus en guérissant le lépreux le réintègre dans la société. Aujourd’hui, sans le savoir parfois, mais à l’image du Christ, des personnes s’engagent auprès de celles et ceux qui sont exclus, pour qu’ils puissent se réinsérer dans la société. Ainsi ces personnes qui prennent du temps auprès des migrants pour leur apprendre notre langue, et celles et ceux qui osent toucher ceux que l’on appelle « les gens de la rue ».
Ce récit de Marc nous montre que Jésus, en touchant le lépreux devient impur, prend la condition de lépreux. Et ce lépreux, qui n’a pas de nom c’est peut-être chacun de nous avec sa lèpre, son péché.
Ce texte nous invite à méditer plus sur l’audace du lépreux et de Jésus que sur le miracle.
Combien de fois sommes-nous restés réticents à oser une parole, un geste, une rencontre qui redonne vie ?
Et en cette 32ème journée mondiale du malade voulue par le Pape François, dans le message qu’il adresse au monde il redit avec force : « Que le premier soin dont nous avons besoin dans la maladie est une proximité pleine de compassion et de tendresse. Prendre soin de la personne malade signifie donc avant tout de prendre soin de ses relations ; relation avec Dieu, avec les autres».
A la manière de Jésus, en ces temps qui sont les nôtres aujourd’hui, montrons notre compassion envers ceux qui sont mis à l’écart. C’est Saint Paul qui nous y invite, comme lui, à imiter le Christ :
« et tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu. »
Sr Claudine Perquin