Ces journées ont été vécues au lendemain (trois mois après) du chapitre général et se sont déroulées à Tours à la Grande Bretèche. Dès le 11 octobre, certaines sœurs avaient déjà rejoint Tours pour cette rencontre. C’est le cas des sœurs de l’Espagne et celles qui vivent en Belgique. Nous étions une cinquantaine de sœurs à être présentes. Des sœurs nous ont rejoints en mode visio-conférence pour diverses raisons. La réflexion sur le rapport de sœur Maria Escayola,
prieure générale sortant et le document capitulaire était le motif de notre rassemblement. La réunion a commencé l’après-midi du samedi 12, autour de 14h 15 avec l’introduction de sœur Véronique Margron, provinciale de l’Europe. Elle a ainsi présenté le programme de nos journées. Avant d’entrer dans le vif du sujet de la rencontre, les sœurs espagnoles nous ont aidées à prier par des chants en espagnol. Ensuite, nous avons visionné un film réalisé par nos sœurs Gemma et Conchi. Il reprenait et présentait le déroulement du chapitre général avec ses temps forts. Ce fut un très beau moment suscitant beaucoup d’émotions. Sœur Diana Sierra a ensuite été invitée à partager ses impressions sur sa première participation à un chapitre général. Elle nous a confié en toute simplicité ses ressentis durant ce chapitre. Ainsi, elle résume ce qui l’a touchée en trois points qu’elle juge importants. D’abord, elle souligne le climat de fraternité qui existait entre les sœurs. Pour elle, l’ambiance fraternelle a favorisé le bon déroulement du chapitre. Ensuite, elle a trouvé que les sœurs étaient dans une attitude d’écoute. L’écoute non seulement avec le cœur mais aussi avec le corps. Enfin, elle dit avoir été impressionnée par la diversité dans la congrégation. Ceci se remarquait à travers les partages de ce que chaque province ou entité vivait dans les différentes missions. Ces diversités sont des richesses et à la fois un défi pour nous toutes.

En plus de cela, Diana mentionne le fait que la province d’Europe ait remarquablement porté des motions au chapitre, c’est-à-dire des sujets qui préoccupent les sœurs dans les provinces d’une manière générale et qui sont confiées aux capitulantes pour être discutés. Exemple : Le mot et le rôle de la « prieure » ont fait objet de discussions graves autant qu’utiles. Une autre portait sur tous les types d’abus dans et hors de nos communautés, dans l’Église. Une autre concernait l’organisation des chapitres provinciaux. D’autres sujets encore ont été évoqués, tels le nombre des sœurs conseillères générales au sein du gouvernement général ou la participation au conseil général élargi (CGE) : Il a été demandé qu’on invite des sœurs autres que la provinciale pour le CGE.

La participation à tous ces débats dans la liberté et le respect mutuel aura été très importante. Diana retient enfin un message qui lui tenait à cœur, celui qui nous invite à « descendre des nuages » car il n’y a ni vies ni communautés parfaites. Le thème de la transformation l’a particulièrement intéressée et elle a trouvé que les échanges sur cette question se sont très bien déroulés. Le sujet de la fraternité était également au rendez-vous. Un verbe pour résumer le tout, selon Diana : vivre. Beaucoup de sœurs parmi nous qui avaient déjà participé à des chapitres généraux remarquent que celui-ci fut serein. Cette ambiance est due au très bon accueil de la Maison, au service des sœurs, aux fêtes au fait qu’il y avait moins de sujets prêtant à des tensions. Enfin le nombre de plus jeunes sœurs fut aussi un atout pour la participation et le renouvellement. Tout cela a offert une atmosphère sereine et joyeuse à tout le chapitre. Sœur Solange salue l’efficacité
des sœurs qui ont travaillé dans le domaine de l’information durant ce chapitre. Elle apprécie bien la vie manifestée et la mission vécue par les sœurs africaines.
Sœur Patricia Yaméogo souligne une très bonne collaboration avec les sœurs qui ont participé au chapitre et loue le travail de l’équipe de tout genre de services qui s’est vraiment engagée. La présence et la disponibilité discrètes des sœurs Véronique et Rosario pour le bon fonctionnement des activités étaient bien remarquables.

Après ces prises de parole, sœur Véronique nous a envoyées en petits groupes afin de réfléchir sur le rapport de Maria Escayola et sur le document capitulaire. Et cela en axant nos réflexions sur ces questions : Qu’est ce qui nous interroge ? Qu’est ce qui nous touche ? Pour nous qu’est ce qui est à retenir pour notre province ? La composition des groupes était laissée à la liberté des sœurs. Puis nous sommes revenues après une heure d’échange en petits groupes pour une
remontée ou une mise en commun de nos idées. Plusieurs groupes ont avoué avoir passé plus de temps à se présenter, à chercher à se connaître, à découvrir les missions des unes et des autres qu’à traiter des questions posées. Les sœurs dans les équipes étaient unanimes à souligner que Sœur Maria Escayola a fait un rapport très réaliste, en mentionnant des sujets réels de la congrégation.

Un rapport fait avec courage et lucidité qui correspond à nos vulnérabilités. Autrement, les thèmes qui ressortaient dans les remontées peuvent être regroupés en ces mots : L’interculturalité, la formation, la transformation. Le défi des nouvelles pauvretés. Comment intégrer la pastorale des jeunes ? Faire de la synodalité une mission. Soigner et vivre la fraternité. Puis nous avons arrêté pour prier les vêpres et avons enchaîné avec le dîner. La deuxième journée, le dimanche 13 a été consacrée à la reprise des thèmes qui ont été soulignés précédemment à savoir : La transformation, la fraternité, l’internationalité, l’interculturalité, la pastorale des jeunes, la formation intégrale, les nouveaux pauvres, la synodalité, la communauté internationale à la maison mère. Nous avons de nouveau été invitées à travailler en groupes d’abord sur principalement deux thèmes : La transformation et la fraternité : Dans la nouvelle configuration de la province d’Europe, comment on pourrait traduire le chemin de la transformation ? Qu’est ce qui peut nous aider à entreprendre ou à
améliorer ce chemin de la transformation ?

Les groupes se rejoignent sur l’idée que la transformation et la fraternité sont liées. Ainsi, pour vivre dans la fraternité, nous pouvons apprendre à regarder l’autre pour la connaître, comment elle est, comment elle agit. Selon certaines sœurs, ce qui nous manque pour la transformation c’est le respect et l’écoute de l’autre. Alors, il est important d’apprendre à connaître l’autre et sa culture. Cela peut aider à comprendre les manières de faire, les habitudes et à faire de la place à l’autre. Construire la relation dans la sincérité, car il y a parfois un manque de cohérence entre ce que nous disons, souhaitons et ce que nous faisons. Écouter
au lieu de dominer. Accepter de quitter nos habitudes pour accueillir l’autre dans sa différence.

Apprendre à regarder l’autre positivement comme Jésus regarde souvent ses disciples dans l’évangile. Valoriser chacune quel que soit ce qu’elle exerce comme activité à l’intérieur ou à l’extérieur de la communauté Tu as du prix à mes yeux… Is 43, 4). Prendre en compte le fait que la mission est celle de la communauté. Si on nous demande un engagement dehors, savoir soumettre sa disponibilité ou sa mission à ma communauté. Donner de l’importance à l’être au lieu du faire.
Apprendre à dépasser les limites de nos cultures pour vivre une fraternité en osant réaliser de petites activités ensemble. Avoir et cultiver la liberté intérieure dans nos relations. Les sœurs ont rappelé l’importance de notre maison commune qu’est le charisme, notre patrimoine. Savoir retourner à nos sources L’après-midi nous avons repris à 14h. Les sœurs d’Espagne ont dû partir pour prendre leur avion.

Nous avons, une fois encore en équipes dialoguer sur synodalité et l’interculturalité ; en tenant compte de nos différents lieux de provenance mais aussi de nos différentes congrégations réunies en une : Comment progresser, marcher ensemble ou mieux vivre dans notre province en interculturalité ? Les sœurs pensent que dans la vie religieuse, en général, nous avons de la chance car plusieurs moyens sont mis à notre disposition pour vivre en synodalité : Les assemblées
communautaires, les chapitres qui permettent de réviser nos constitutions à travers la réflexion et de cheminer vers une visée commune. Notre charisme avec l’élaboration du projet communautaire dans nos différentes communautés est déjà une manière de travailler en synodalité. Cette synodalité, il faut aussi l’ouvrir à d’autres qui ne sont pas dans notre communauté.

Le fait que la parole soit donnée à chaque sœur lors de nos rencontres est aussi une preuve de vie en synodalité. Nous avons également de la chance d’accueillir d’autres congrégations. Ce qui nous incombe d’être plus attentives à elles. Essayer de marcher ensemble en découvrant nos différences. L’accueil dans l’interculturalité demande une réciprocité dans cet accueil. Avoir l’intelligence du lieu, l’intelligence de charité, l’adaptation dans les manières de faire dans les différents endroits. Tout cela peut nous aider à vivre avec une vraie liberté intérieure. Le changement de mentalités est aussi important et cela demande d’accepter de quitter nos zones de confort. À l’issue de tous ces échanges, des questions surgissent : Les congrégations que nous avons accueillies : Comment se sentent-elles actuellement avec nous ? Comment être davantage en synodalité entre nous ? Et en solidarité avec les sœurs qui vivent dans les pays en guerre ? Donner la parole aux sœurs de ces pays meurtris et qui sont dans nos communautés – si elles le souhaitent – peut-être une des manières de vivre en
synodalité et en solidarité avec elles.

Voici de beaux programmes de vie, mais comment réaliser concrètement tout cela ? Sœur Véronique a demandé la disponibilité de plusieurs sœurs afin de réfléchir sur tous ces thèmes déjà abordés. Le but est de proposer des moyens simples et concrets pour la mise en pratique de nos désirs formulés lors de nos échanges. Ils seront proposés lors de la 2e session de Chapitre provincial, en cette fin d’année 2024 Les différents groupes sont libres de choisir les modalités adaptées à leurs rencontres. Il y a quatre groupes qui vont donc travailler sur la fraternité, l’interculturalité, la synodalité et la pastorale des jeunes.

  • Fraternité : Sœur Diana, les sœurs de Majorque et Maria Dolores.
  • Interculturalité : Sœurs Viviane, Esperanza, Marianne et Rosalie.
  • Synodalité : Sœurs Dominique, Solange et sa communauté, Noëlie et Marie Cécile
  • Pastorale des jeunes : Sœurs Patricia, Virginie, Catherine et Ruth. (Sœur Jenet de Dourdan sera invitée à les rejoindre).

La rencontre a pris fin avec quelques informations et interrogations spécialement à propos de la communauté internationale à la Maison Mère. La parole a été enfin donnée à sœur Teresa Maria, arrivée de Barcelona, qui vient découvrir la province d’Europe après de longues années aux États-Unis, Honduras et précédemment en Côte d’Ivoire et au Burkina. Elle a partagé les richesses de sa mission et de ses expériences. La rencontre s’est achevée sur ces notes de partage et le mot conclusif de sœur Véronique autour de 16 h 45 avant que beaucoup ne reprennent le chemin du retour dans les communautés.

Sr Virginie Dolebzanga