Le cri de désespoir d’Habacuc, cette question qui sort du plus profond de son cœur : « combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler, sans que tu entendes ? » est le cri de celui qui voit dans sa vie et dans la vie des autres, la violence, le malheur, l’angoisse, produit par une société injuste.
Aujourd’hui, c’est aussi le cri beaucoup de nos frères et de nos sœurs, qui face aux épreuves, face à l’injustice qu’ils endurent, se tournent vers celui qui est capable d’entendre, sans rester indifférent. La réponse de Dieu est mystérieuse: « Tu mettras par écrit une vision…attends-la, elle viendra certainement, sans retard… », mais elle révèle l’espoir d’un avenir meilleur,
Dans le texte de l’évangile la demande des apôtres « augmente en nous la foi! », reçois la réponse de Jésus, dans la figure du serviteur.
Dans ces deux textes la foi est synonyme d’espoir et d’humilité.
La foi n’est pas une question de mérite ou de performance. Elle est dans le cœur de celui ou de celle qui malgré les moments de désespoir ou de non-sens, s’accroche à l’espoir d’un lendemain de bonheur. Il ne s’agit pas de tout comprendre, de tout savoir, mais de laisser une place pour l’inattendu de Dieu, qui surgit dans notre vie et nous donne la force d’avancer, parce que « le juste vivra par sa fidélité ».
La foi, c’est la puissance de l’humilité du serviteur qui accomplit tout simplement son travail.
Dans la foi il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires, mais de vivre dans la simplicité. C’est la simplicité de la foi qui peut donner la force de déraciner des montagnes. Les montagnes de nos soucis, de nos angoisses existentielles, de nos doutes, de nos incapacités à dénouer ce qui nous enchaine. Elle nous donne la force et le courage pour avancer face à nos sociétés injustes et indifférentes.
La puissance de la foi est en contradiction avec l’esprit du monde. Un monde qui nous demande d’être performants, d’aller toujours plus loin sans se soucier des autres. Mais le regard de foi nous aide aussi à nous réjouir de tous ces gestes de solidarité, d’entre-aide, d’oubli de soi et d’accueil joyeux de la différence.
La puissance de la foi dans l’humilité, en empruntant les paroles du petit prince pour parler de l’essentiel, je dirais : « La foi est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur »
Le Pape François dans le livre « Divers et Unis » nous rappelle que « La foi c’est un regard qui accompagne les processus, transforme les problèmes en opportunités, améliore et construit la cité de l’homme. Je vous souhaite de savoir affiner et de toujours défendre ce regard ».
Sr. Amanda MANCIPE