Cet article est paru dans la revue Etudes de juin 2021, vous pouvez le retrouver en cliquant ICI
Les prières pour obtenir la guérison
un article de Sr Anne Lécu
Il n’est pas étonnant que la question de la guérison ait un tel écho dans l’Église actuellement : d’une part, parce que l’Église a toujours pensé la guérison comme faisant partie de sa mission depuis la figure du « Christ médecin », jusqu’aux métaphores récentes du pape François invitant l’Église à devenir un « hôpital de campagne » ; d’autre part, parce que la santé relève parfois d’un idéal voire d’un absolu pour nos contemporains. Nos vœux de Nouvel An offrent avant tout une « bonne santé » et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose de définir la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Or, il n’est pas certain qu’un tel état de complet bien-être soit possible. À confondre mal-être et maladie, on cherche à guérir du mal-être de toutes les façons possibles, y compris les plus inattendues. Dans sa prudence, le magistère avait publié, dès 2000, L’instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison 1 . Devant le déploiement de ces nouvelles pratiques et l’attente des personnes, l’Église de France a publié en mai 2017, sous la direction du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle, un manuel de célébrations et de prières : Protection, délivrance, guérison, afin de proposer un cadre à ces célébrations 2 .
Pour mieux comprendre, j’ai participé au début de 2020 à une prière pour les malades dans une église parisienne. Plusieurs questions m’ont habitée pendant ce temps de prière, les principales liées aux nombreuses « paroles de connaissance » émises pendant le temps de prière : « Jésus est en train de guérir une femme qui a mal au dos depuis longtemps. » Qui authentifie ces paroles de connaissance, et plus généralement qui authentifie le « charisme de guérison » ou « de délivrance » que tel ou telle assure avoir reçu ? Qu’est-ce que ce charisme de guérison que certains auraient reçu ? Enfin, pourquoi ne privilégions-nous pas les sacrements (et notamment l’onction des malades) qui font partie de notre tradition catholique la plus ancienne ?
La guérison dans la tradition de l’Église
Il est indéniable que la guérison occupe une place importante dans le ministère de Jésus et dans celui de l’Église naissante. Lorsqu’il guérit, Jésus prend toujours grand soin de demander au malade ce qu’il veut : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Marc 10 ,51). Le geste de guérison n’est jamais isolé, il est toujours lié à une réintégration dans le tissu social dont la maladie avait exclu le malade. Jésus envoie les lépreux guéris se montrer au prêtre (Luc 17, 14), le démoniaque gérasénien est renvoyé chez lui (Marc 5, 19). René Girard et Paul Beauchamp ont su montrer que la violence de cet homme lié dans les tombeaux était une forme de réaction mimétique à la violence excluante dont il avait été victime dans la Décapole. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jésus le renvoie chez lui : il guérit le Gérasénien etle tissu social en permettant aux Géraséniens de le réintégrer. Il y a donc une dimension politique et sociale à la maladie. Mais il faut aussi rappeler que l’évangéliste Jean met en scène une autre facette du visage du Christ. Lorsque l’on questionne Jésus sur le péché qui serait cause de la cécité de l’aveugle-né, Jésus distingue très clairement la maladie de la faute : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché » (Jean 9, 3). Chez Jean, les signes et miracles opérés par le Christ sont lus de façon critique par l’évangéliste qui se demande si les gens suivent Jésus pour les signes qu’il accomplit ou pour lui-même. La pensée magique n’est jamais loin de nous, et Jésus le sait.
Dans la continuité de l’action de Jésus, les Apôtres, après la Résurrection, ont continué à guérir, manière de signifier la victoire du Ressuscité sur toute forme de mort. On peut citer l’épître de Jacques, au chapitre 5, dont les versets 14-15 servent de fondement au sacrement pour les malades : « L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. » Le lien entre guérison et pardon des péchés est ici manifeste et il nous faudra l’expliciter. La tradition de l’Église va conserver le souvenir de cette confiance originelle dans le pouvoir thérapeutique du sacrement 3 . Néanmoins, avec le temps, l’Église va développer une forme de prudence vis-à-vis de l’effet thérapeutique immédiat du sacrement, en insistant sur la dimension spirituelle de la guérison produite par le sacrement 4 ; et, peu à peu, l’extrême-onction va devenir un des éléments du triptyque : confession, communion (viatique) et onction à l’heure de la mort. Il n’est plus tant question de guérison du corps que de salut de l’âme. Dans le même temps, les chrétiens sont invités à visiter les malades, et l’on sait combien d’ordres religieux ont fait leur cette mission de soin auprès des pauvres malades. En replaçant l’onction des malades au cœur de l’assemblée croyante et pas uniquement à l’heure de la mort, Lumen Gentiumreste discret sur la guérison corporelle liée au sacrement 5 .
De ce trop rapide parcours, il me semble qu’il faut retenir une note majeure. Le cœur de la foi est le mystère pascal au sein duquel le Seigneur « souffrant et glorifié » se fait proche de tous les souffrants pour leur ouvrir un chemin vers sa gloire. La lecture de Jacques Ellul m’a ouvert les yeux sur un aspect de ce mystère 6 . Lorsque, dans l’évangile de Matthieu, Jésus opère de nombreuses guérisons, l’évangéliste cite Isaïe 53, 4 : « Tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit, pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : “Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies” » (Matthieu 8, 16-17). Il convient de prendre au sérieux et d’expliciter cette parole qui n’annonce pas seulement que Jésus porte nos fautes, mais bien nos maladies. « Porter nos maladies », cela ne signifie pas que Jésus devienne aveugle lorsqu’il guérit un aveugle, mais qu’il prend sur lui la malédiction de la maladie, la peine de l’aveugle ou du lépreux, son isolement, son exclusion, une fois pour toutes. Il sépare en sa chair la malédiction de la maladie. Inutile alors qu’il guérisse tous les aveugles ou tous les lépreux, un seul suffit pour qu’il soit possible de croire qu’il n’y a là nulle malédiction. Il porte toute malédiction, celle de la mort, celle de la faute et celle de la maladie, afin que nous en soyons délivrés. C’est là que l’on peut rapprocher le péché et la maladie. Non que le péché soit la cause de la maladie mais, de même que nous sommes délivrés de la malédiction du péché (sans quoi la réconciliation serait impossible), de même nous sommes délivrés de la malédiction de la maladie et de celle de la mort. Le miracle pourrait alors illustrer ce mystère pour fortifier notre espérance. L’on comprend que cela ne signifie ni la fin de la tentation et de la faute, ni la fin du malheur, ni la fin de la mort, mais nous ne pouvons plus y voir une condamnation de Dieu.
Questions soulevées par ces liturgies
Les célébrations de prière pour les malades et leur guérison ont le mérite d’être explicitement une proposition de pastorale populaire, et il n’y a pas tant de propositions de ce type qui rassemble autant de personnes aujourd’hui. Néanmoins, si cela révèle que l’attente des personnes est grande, le nombre et le succès ne font pas tout et nous obligent à regarder de près ce qui s’y joue pour y déceler ce qui est problématique et ce qui est à encourager.
Quelle articulation entre pardon et guérison ?
Dans un des derniers chapitres de son texte Guérir, Mary Healy propose un modèle de prière de guérison, dans lequel, après un entretien, celui qui mène la prière est chargé de choisir quelle est celle qui est la mieux adaptée. Ce peut être une prière de demande (« Père, au nom de Jésus, fais que le cartilage de ce genou soit guéri »), une prière de commandement (« Tumeur cancéreuse, je te maudis au nom de Jésus et je t’ordonne de quitter ce corps ») ou encore, « si le problème a été causé par quelqu’un d’autre, demandez à la personne si elle a pardonné à celui qui a commis l’offense ». Enfin, « si la maladie peut avoir été causée par le comportement de la personne, par exemple un cancer du poumon dû à la cigarette, […] si les gens sont d’accord, conduisez-les à une prière de repentance, demandant le pardon de Dieu 7 ».
Autant la prière de demande ne pose pas de problème, car chacun peut bien demander à Dieu ce qu’il veut de façon la plus concrète et incarnée possible, autant les autres formulations ne vont pas de soi. Traiter la maladie comme un esprit à expulser peut induire une vision déformée de celle-ci : dans les abus de pouvoir à caractère spirituel, on retrouve ainsi des personnes rendues vulnérables par la maladie qui ont eu à subir des exorcismes pour des problèmes somatiques alors que, dans le même temps, on ne les laissait pas aller consulter un médecin 8 ! De plus, inciter une personne malade à la suite d’un traumatisme à pardonner à celui ou celle qui lui a fait du mal est une manière de ne pas entendre la plainte et de nier la réalité du traumatisme. Les psychologues sérieux savent qu’il faut des mois et parfois des années pour reconnaître le préjudice subi et pouvoir passer à autre chose. Enfin, inciter à demander pardon pour une maladie conduit à supposer un lien de causalité qui ne va pas de soi. Le tabac peut provoquer des cancers, est-ce pour autant un péché ou une faute de fumer ? N’est-ce pas une forme d’hygiénisme habillé d’un vernis de spiritualité ? Quelle place pour la considération de l’involontaire dans les conduites humaines ? Une maladie grave, quelle qu’elle soit, est d’abord une épreuve et le malheur qu’elle amène est sans commune mesure avec ce qui a pu la provoquer ! Comment peut-on lire sans ciller que « si aucune explication médicale du problème ne semble pouvoir être donnée, si la personne vous dit que sa douleur s’aggrave quand elle entre dans une église ou quand vous priez pour elle, ou se déplace dans une autre partie du corps, ce sont là les signes d’une éventuelle infestation maligne 9 » ? Alors que c’est sans doute qu’il faut de toute urgence sortir de cette célébration qui sollicite une vulnérabilité mise à vif !
Certes, le lien entre pardon et guérison existe dans les évangiles et l’épître de Jacques. Mais c’est plutôt en ce sens que le Christ délie l’épreuve de toute forme de fatalité. Il nous sauve d’un destin qui serait écrit d’avance et nous permet de croire que du neuf, de nouveaux possibles, peuvent toujours survenir. De plus, il faut sans doute éviter de lire une forme de causalité entre péché et maladie : s’il existe une dimension de réconciliation dans le sacrement de l’onction des malades, c’est peut-être simplement parce que la maladie rend vulnérable le malade qui peut plus facilement glisser dans ses propres travers.
Quelle articulation entre psychologique et spirituel ?
De plus, le malheur induit par la confusion entre pardon et guérison est majoré quand, à cela, s’ajoute une confusion entre les domaines psychiques et spirituels. Les sessions Agapè de « guérison intérieure », telles qu’elles furent pratiquées au Puy-en-Velay (Haute-Loire) de 2001 à 2017, ou telles qu’elles se pratiquent à Cacouna, au Canada, sont exemplaires de cette confusion. Il s’agit d’une méthode holiste, qui appelle « blessure » tout ce qui relève de l’énigme existentielle (nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes) et fournit une solution à cette blessure, appelée « guérison 10 ». On connaît désormais bien les écueils de ces pratiques : une insistance sur l’émotion au dépens de la rationalité, une pathologisation des passions, faussement assimilées aux émotions, une confusion entre émotion ressentie, acte de foi et action divine, et parfois même de faux souvenirs induits. La prudence la plus élémentaire devrait donc être de mise.
À trop vouloir confondre l’ordre psychologique et l’ordre spirituel, on en oublie la grande leçon de Thomas d’Aquin qui insistait sur l’autonomie des causes secondes. Pour le dire en un exemple comme en cent : c’est parce qu’il y a des soignants qui guérissent certains patients que l’on peut dire que Dieu guérit. Il guérit en tant qu’il a donné à l’homme la capacité d’en guérir d’autres ! C’est bien pour cette raison qu’il est légitime de laisser tel frère ou telle sœur consulter le psychologue ou le psychiatre (que ce dernier soit croyant ou non n’a d’ailleurs aucune importance puisque l’on n’est pas dans l’ordre de la foi mais dans celui du soin), s’il en a besoin. S’il devient plus libre après dix ans de psychanalyse, c’est un service qu’il rend à ses proches, à son Église et à tous ceux qu’il rencontrera. En ce sens, la véritable pauvreté n’est pas de se priver des soins nécessaires, mais d’accepter qu’ils soient nécessaires.
Quelle est l’autorité des charismes ?
Dans les prières de guérison de type charismatique, une ou plusieurs personnes ayant reçu un « charisme de guérison » transmettent à l’assemblée les « paroles de connaissance » qu’elles accueillent. Je n’ai pas réussi à comprendre quelle était l’autorité garante de ces paroles de connaissance. Dom Dysmas de Lassus, prieur général de la Grande Chartreuse, rapporte une anecdote vécue dans une communauté du renouveau charismatique. Un des membres de cette communauté raconte : « Je ne peux m’empêcher de me rappeler ce qui se disait souvent au début du Renouveau : “L’Esprit saint me dit que” ou “te dit que”. Un jour, l’un de mes frères m’a dit : “Dis ‘je’ au lieu de ‘l’Esprit saint’”, et j’ai subitement compris combien une volonté de puissance personnelle pouvait se cacher sous de telles apostrophes, quelque peu terrorisantes pour des esprits encore peu formés 11 . » Cela pose la question de ce qu’est un charisme.
Dans le Nouveau Testament, le mot charismaest peu fréquent. Chez Paul, l’usage du mot se limite à l’épître aux Romains et à la première épître aux Corinthiens. Dès le début de la première épître aux Corinthiens, Paul précise : le vrai charisme, le don fondamental, c’est la vocation chrétienne. Aussi, le plus souvent, le mot « charisme » est au singulier : « Le don gratuit [ charisma] de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Romains 6, 23). Dans la première épître aux chrétiens de Corinthe, Paul reprend le mot « charisme », mais pour les mettre en garde et finalement aboutir à l’hymne à la charité : la charité est l’unique fruit du don de la grâce. Toutes les manifestations de l’Esprit sont vaines si elles ne sont pas traversées par la charité.
Il arrive pourtant que le mot « charisme » soit au pluriel, spécialement au chapitre 12, pour parler des charismes de guérison ( charismata iamatôn), (versets 9, 28 et 30). Alors que, communément, on l’entend comme un don thaumaturgique, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, précisait bien les choses dans l’ Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison, déjà citée : « Dans de nombreux cas, pas toujours occasionnels, on proclame que des guérisons y ont eu lieu et l’on suscite l’attente du même phénomène dans d’autres réunions du même genre. Dans un tel contexte, on évoque parfois un prétendu charisme de guérison. » Un peu plus loin, il commente 1 Corinthiens 12, 9 et les charismata iamatôn. C’est pour le lecteur extrêmement clair : les dons gratuits de guérison sont à comprendre selon lui non comme un don thaumaturgique donné à quelqu’un qui deviendrait capable de guérir autrui, mais comme des dons faits à celui qui est guéri non pas pour lui-même mais pour ceux qui, par cette guérison, seront encouragés dans la foi : « Le sens de charisma, en soi assez vaste, est celui de “don généreux” ; et, dans ce cas, il s’agit de “ dons de guérisons obtenues” 12 . » Ainsi compris, le type même du « charisme de guérison » est le miracle de Lourdes.
La mise en garde de Jean de la Croix
C’est peut-être chez Jean de la Croix que l’on trouve le plus de mises en garde envers les dons et les prodiges surnaturels. Il met en garde son lecteur contre la joie procurée par les prodiges tels que « la guérison des malades, la résurrection des morts, la délivrance des possédés, l’annonce de l’avenir » : « Les œuvres surnaturelles et miraculeuses […] sont à l’homme de peu d’importance puisqu’elles ne peuvent par elles-mêmes lui servir de moyen pour s’unir à Dieu : seule la charité unit à Dieu » ( Montée du Carmel,livre III, chapitre 30, 4). Puis Jean de la Croix s’attache à démontrer les dommages produits lorsque l’âme place sa joie dans une recherche des biens surnaturels : « Elle peut tromper les autres et se tromper elle-même ; elle peut souffrir un détriment au regard de la foi ; enfin, elle peut donner dans la vaine gloire et dans la vanité » ( ibid.,III, 31, 1). Il rappelle opportunément que « l’on peut soi-même perdre beaucoup de mérite de la foi, parce que la grande estime donnée aux miracles affaiblit considérablement l’ habitussubstantiel de la foi, qui est un habitusobscur » ( ibid.,III, 31, 8). Cet argument est majeur. La recherche de merveilleux, de miracles ou d’expérience sensible n’aide pas le croyant à habiter la foi qui n’est autre que l’acte de croire quand il n’y a pas de raisons de croire. L’on rejoint la mise en garde de Jean devant les signes, alors que l’unique signe est le Christ offert, à genoux devant les siens, incliné devant eux pour déposer sa vie.
L’atmosphère des prières pour demander à Dieu la guérison honore peu cet « habitusobscur », alors que l’époque que nous traversons mériterait au contraire que les croyants s’arment pour lutter intérieurement afin d’enraciner la foi dans la nuit. Le mystère pascal, mystère de déréliction dans lequel Dieu lui-même s’enfonce dans la nuit, n’est pas d’abord une manifestation de la puissance divine, mais de son impuissance. Selon le mot magnifique de Paul Beauchamp, Dieu a choisi en Christ d’être plus fort que sa force. Cette tonalité nocturne tranche considérablement avec les écrits charismatiques qui mettent en avant la puissance de l’Esprit et sa victoire. Il n’est pas besoin de beaucoup s’attarder sur le danger de l’orgueil et de la vaine gloire. En Luc, Jésus recadre gentiment les disciples heureux de voir que les démons leur sont soumis : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux » (Luc 10, 20).
Une proposition : déployer l’onction des malades
En guise de conclusion, n’est-ce pas vers de nouvelles modalités de célébration de l’onction des malades qu’il faudrait s’orienter ? Une prière mensuelle pour les malades peut être organisée avec des chants et une parole biblique commentée, sans qu’il n’y ait de temps spécifique de « guérison » ou de « parole de connaissance », mais en proposant un geste (allumer une bougie, déposer une intention), voire un temps de prière de protection pour tel ou telle ; et, une fois par trimestre, on pourrait associer à cette prière l’onction des malades en la proposant largement, y compris pour ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles psychiques. Cette onction serait préparée avec le malade et ses proches, les membres de la pastorale de la santé ou les chrétiens locaux. Pour l’avoir vécu dans des célébrations amples comme à Lourdes, ce sacrement est magnifique et permet une médiation ecclésiale claire, avec des ministres mandatés par l’évêque.
Écouter la plainte, accompagner les malades dans le temps et proposer le sacrement comme une force qui aide à traverser l’épreuve, n’est-ce pas là la grande tradition catholique, la nôtre, qui annonce la présence indéfectible de Dieu, y compris dans la nuit, un Dieu qui bénit, qui relève et qui sauve, y compris celui qui va mourir ?